L’art, c’est bon pour la santé
Complémentaires aux protocoles thérapeutiques, les activités artistiques ont de nombreuses vertus. «Faire entrer l’art dans la vie de quelqu’un par le biais d’activités telles que la danse, le chant ou la fréquentation de musées et de concerts nous donne une clé supplémentaire pour améliorer notre santé physique et mentale», souligne dans un communiqué le Dr Piroska Östlin, Directrice régionale de l’OMS pour l’Europe.
L’agence onusienne formule plusieurs recommandations afin de promouvoir l’art dans le secteur de la santé :
• Veiller à ce que des programmes «d’art pour la santé» existent et soient accessibles au sein de la communauté ;
• Aider les organismes artistiques et culturels à intégrer la santé et le bien-être dans leur travail ;
• Promouvoir une sensibilisation du public aux bienfaits potentiels de l’art pour la santé ;
• Inclure les arts dans la formation des professionnels de santé ;
• Introduire ou renforcer les mécanismes par lesquels les établissements de santé ou d’aide sociale prescrivent des programmes ou des activités artistiques ;
• Investir dans des études supplémentaires portant en particulier sur un recours accru à des interventions dans le domaine de l’art et de la santé, et sur l’évaluation de ces dernières.
Ce numéro du journal Existerentend participer à la sensibilisation des personnes actives dans les domaines de l’art, de la santé et du social. Les interactions et les développements possibles sont vastes et prometteurs.
L’exemple de Matisse
Dans une étude sur les enjeux de la créativité dans les soins et l’accompagnement, le Dr Luc Vanden Driessche convoque le tableau La tristesse du roi reproduit plus haut. Le chercheur y observe « une célébration du mouvement auquel l’auteur n’a plus accès : le roi triste, c’est lui évidemment ». En effet, Henri Matisse est à cette période-là définitivement immobilisé à la suite de deux graves opérations. Ses assistants avaient reçu la commande de pratiquer le découpage et le collage du papier gouaché. L’œuvre met en scène trois personnages : un joueur de tambourin, un roi jouant de la guitare et une danseuse. Si l’artiste a souvent fait référence à la scène biblique dans laquelle David joue de la harpe pour apaiser le roi Saül, cette scène montre aussi son intérêt pour la musique et pour la danse. Le Dr Luc Vanden Driessche observe trois dimensions constitutives de l’acte de création : une problématique à résoudre (celle du handicap qui immobilise l’artiste), un autoportrait à un moment donné de l’histoire de son auteur et un jeu d’abstraction. Selon le chercheur, « la créativité et la part d’autoreprésentation imaginaire qu’elle requiert permettent d’approcher le réel » (2011a). A nous de nous emparer des outils les plus pertinents pour nos pratiques ! Les contributions qui suivent offrent un large éventail de ressources pour celles et ceux qui désirent tirer profit des bienfaits de l’expression artistique.
Article réalisé par Laetitia Gern
Cet article est paru dans le journal Existerconsacré à la créativité et l'accompagnement des addictions. Lire un extrait.
Sources: JAUBERT Alain (2000), « Matisse », dans Les grands modernes, Palettes, Paris, dvd La sept vidéo et Éditions Montparnasse, 2000. VANDEN DRIESSCHE Luc (2011 a), « Les enjeux de la créativité dans les soins et l’accompagnement », dans La lettre de l’enfance et de l’adolescence, vol. 83-84, no. 1, pp. 155-161. VANDEN DRIESSCHE Luc (2011b), « La créativité dans les soins et l’accompagnement. Familles, professionnels et artistes face au handicap », dans Contraste, vol. 34-35, no. 1-2, pp. 331-353