Ma consommation est-elle inquiétante ?

Travail, soirée, invitation chez des amis. En Suisse, boire de l’alcool est pratique courante. Voici 3 conseils pour savoir où

se situe la ligne à ne pas franchir.

Les chiffres peuvent étonner, voire choquer. L’OFSP constate que « près d’une personne sur cinq en Suisse consomme de l’alcool en
quantités excessives, c’est-à-dire qu’elle boit trop, trop souvent et au mauvais moment». Dans notre pays, 250’000 personnes sont
recensées en tant qu’alcoolodépendantes ou courant un risque important de le devenir. Le sujet est tabou et justement à cause de
cela, le nombre d’addictions pourrait être bien plus grand selon Vanessa Redzepi, responsable du Secteur social de la Croix-Bleue
romande. Doutez-vous de la nature de votre relation avec l’alcool ? Voici 3 conseils pour s’autodiagnostiquer.

 

Vérifier les quantités consommées
La Confédération recommande à la population de ne pas dépasser deux à trois verres d’alcool par jour. Pour Vanessa Redzepi, vérifier la quantité d’alcool consommée peut être un bon indicateur…mais pas fiable à 100%. « On rencontre des personnes qui ne boivent pas la semaine, mais beaucoup les week-ends. La question qu’on leur pose est “qu’est-ce qui se passe quand vous ne consommez pas un week-end ?“ Elles nous répondent souvent qu’elles se disputent davantage ». Il faudrait donc porter un regard attentif sur ses sautes d’humeur et son rapport avec les autres en période d’abstinence.

 

Faire le point sur sa vie personnelle
Vanessa Redzepi l’a constaté. Il est plus difficile de s’autodiagnostiquer ou de faire réaliser à un alcoolodépendant qu’il a un problème lorsque la maladie est déjà installée depuis longtemps. «Parce que, au cours de l’accompagnement, nous allons justement tisser des liens entre la qualité de la vie sociale et personnelle de la personne et sa consommation d’alcool. Souvent un bénéficiaire vient nous voir parce que son conjoint ou son employeur
l’ont poussé à le faire, en le menaçant de le quitter ou de le licencier. Quand on perd le contrôle avec l’alcool, on arrive en retard au travail, on devient irritable. Les consommations deviennent plus fréquentes et déteignent alors sur la vie privée et professionnelle. » Au point de réaliser le problème et de se prendre en main soi-même? « Pas forcément. La personne dépendante peut rester dans le déni longtemps pour se protéger de la réalité. C’est là, dans la pose de limites, que les proches sont indispensables sur le chemin de la guérison. Après, à la Croix-Bleue on est là pour organiser un suivi psychologique et médical sans jugement (ndlr : notamment au travers de la ligne téléphonique SOS alcool ou par des groupes de parole et des suivis individuels). »

 

Jeter un coup d’oeil dans le rétroviseur
Se retourner et faire face à son passé peut être douloureux. Pourtant, pour analyser son rapport avec l’alcool, cet effort est indispensable. « La dépendance est souvent accompagnée d’autres événements, comme la perte d’un emploi, une rupture ou autre chose. Les bénéficiaires ne font pas forcément le lien entre ces événements et le produit, même si cette connexion existe», affirme Vanessa Redzepi. Se remettre en question, réfléchir aux causes et aux conséquences, peut déclencher un changement et une reprise en main de sa vie. Beaucoup d’alcoolodépendants se retrouvent isolés à cause des effets du produit sur leur entourage et renouer les liens peut s’avérer extrêmement pénible.

 

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Cet article est tiré du numéro 31 d'Exister, commandez-le des maintenant !