Accompagner par le sport : témoignages

Eva, participante du groupe sport-loisirs

 

Le groupe sport-loisirs aide à faire des activités sans consommer d’alcool. Cela permet de découvrir tout ce qu’on peut faire sans. Après une longue période de consommations chroniques, c’est un véritable réapprentissage. J’ai pu refaire des activités sans être sous l’influence d’un produit.

Quand Lauryn m’a parlé de ce groupe, cela m’a interpelée. J’avais besoin de me défouler et le sport me manquait. Mais je me retrouvais isolée et c’était d’ailleurs le cas de plusieurs autres personnes qui se sont inscrits à cette activité. Le sport est important pour mon humeur. C’est un calmant, un stimulant, il m’aide à reprendre confiance en moi.

Le mot clé du groupe n’est pas l’alcool ou l’addiction mais le sport et le plaisir qu’on peut avoir en groupe. Si on parlait à chaque fois de l’alcool, ce serait omniprésent. On en parle parfois comme un sujet ou un autre, par exemple quand quelqu’un a besoin de poser quelque chose, de se livrer.

Comme on se sent progresser et qu’on connaît les conséquences de la consommation, on a envie de continuer. C’est un élan positif et cela crée du lien entre les participants.

Je me souviens d’une session de volleyball. On avait du mal à maîtriser nos forces et à viser juste. On a persévéré, on s’est ramassé dans le sable, on a dû aller chercher la balle ailleurs et je me souviens encore de la montée d’énergie que cela procurait. J’avais envie de continuer à progresser. Ce moment était très fort ! La dynamique était fluide et on a vécu une grande complicité au sein du groupe.

On ne peut pas empêcher quelqu’un de consommer. Avec les pressions et les soucis de la vie, il est par contre si important d’avoir une bulle durant laquelle on peut s’amuser et échanger. C’est ce que ce groupe a été pour moi.

 

Jimmy, bénéficiaire  d’un suivi alcoologique

 

Le sport m’a énormément aidé par rapport à mes addictions. Je fais un peu de vélo, du football et j’utilise surtout une application pour faire de la musculation à la maison. Ayant des enfants en bas âge, je trouve généralement un créneau au réveil ou quand ils sont à l’école.

 

L’alcool n’est pas la seule addiction avec laquelle je me suis battu. J’ai eu plusieurs cycles de dépendances dans ma vie. Après un sevrage d’alcool, j’ai réussi à arrêter de consommer durant quelques mois, puis j’ai rechuté. Les consultations dans le cadre de la Croix-Bleue romande m’ont beaucoup aidé. Cela m’a permis de prendre conscience de comment je fonctionne. Dans mon cas, la consommation réduite ne marche pas. J’ai donc opté pour l’abstinence. Autrefois, j’évitais de me retrouver dans un groupe où j’étais le seul qui ne buvait pas d’alcool en soirée. Aujourd’hui, c’est différent. Cela ne me fait plus peur et j’ai choisi d’affronter plutôt que de fuir ou de m’expliquer. Typiquement, j’avais tendance à dire que je ne bois plus d’alcool. Aujourd’hui, je dis que je ne bois pas d’alcool. C’est comme si je n’ai plus à me justifier, je peux être libre de mes choix.

Dès le début des consultations, j’ai été ouvert avec mes proches. Je leur ai expliqué que j’avais fait trop d’excès par le passé. Beaucoup m’ont dit que je ne tiendrais pas. D’autres m’ont dit qu’ils n’y arriveraient pas.

Aujourd’hui, je sais que je suis une personne qui a toujours tendance à aller dans l’excès. Et je veille à cela au sujet du sport également. Je dois faire attention à ne pas retomber malgré moi dans une nouvelle addiction. Quand mon épouse me dit que je vais trop loin ou que j’en fais trop, je sais que c’est une sonnette d’alarme. Je peux parfois me braquer sur le moment mais j’arrive ensuite à m’auto-raisonner, accepter la remarque et en faire bon usage.

Se faire aider n’est pas un aveu de faiblesse mais de force ! Cela veut dire qu’on veut aller mieux. On se croit toujours assez fort pour faire seul mais on a besoin d’aide.