Juliette (nom fictif) est une jeune femme âgée de 29 ans. Elle a débuté un accompagnement à la Croix-Bleue romande, Section neuchâteloise, en novembre 2023. Sa demande était de mieux comprendre sa relation au produit alcool, ses habitudes de consommation, ce afin de pouvoir identifier les situations à risque, développer les outils et les stratégies nécessaires et lui permettre ainsi de changer ses habitudes de consommation. Voilà comment elle évoque son évolution. Un grand merci à elle pour ce témoignage.
Que pouvez-vous dire sur vos habitudes de consommation?
Depuis que j'ai commencé un accompagnement individuel à la CBR, mes habitudes de consommation ont changé. La surcharge émotionnelle a toujours été, et est encore parfois aujourd'hui, un déclencheur.
Auparavant, ma consommation d'alcool était régulière, presque quotidienne; je consommais principalement seule; lorsque je ressentais un fort sentiment d'isolement ou que je m'ennuyais, j'avais besoin du produit pour me sentir moins seule, moins triste.
Actuellement, je suis dans une démarche de consommation contrôlée. Je me suis fixé trois jours d'abstinence, fixes, par semaine; les autres jours, ma consommation d'alcool a fortement diminué; j'arrive de mieux en mieux à m'écouter, à réfléchir et à stopper ma consommation. Bien qu'il m'arrive encore parfois de consommer seule, je consomme plutôt dans un contexte festif, en groupe et à l'extérieur. Les déclencheurs étant alors la recherche du sentiment de joie, du plaisir. Dans ce contexte, il m'arrive encore parfois de dépasser la limite de consommation que je m'étais fixée; c'est sur ces situations que j'ai encore à travailler. J'ai pu constater que mes habitudes de consommation étaient non seulement liées au contexte émotionnel, mais également à d'autres facteurs, comme le retour de l'été par exemple.
Qu'est-ce qui a permis ce changement?
La démarche que j'ai entreprise m'a permis d'évoluer. Ce fut une grande remise en question. Le fait de parler de mon vécu, d'exprimer mes émotions, m'a permis d'avoir du recul sur ce que je vivais, de mieux comprendre. Identifier les situations à risque, les analyser, prendre conscience de « comment je consomme », comprendre les enjeux, ont été indispensables; cela m'a permis de retrouver confiance en moi. De plus, prendre conscience que je banalisais la consommation d'alcool m'a aussi aidée. Dans mon cas, j'ai eu besoin de prendre mon temps, d'avancer étape par étape, ne pas trop être bousculée. Cette relation au produit était ancrée en moi depuis très longtemps. Ce n'est pas facile de sortir de cet ancrage; il faut du temps.
À quoi aspirez-vous?
Dans l'idéal, ce serait de développer un nouveau mode de vie, sans alcool. Ce serait plus agréable pour moi. Au début de ma démarche, cette perspective n'était pas envisageable. Actuellement, elle me fait moins peur.
Article réalisé par Carole Schenk, collaboratrice sociale