Le courage de pousser la porte d’un lieu d’accueil

Demander un entretien, entrer dans un lieu d’accueil, pousser la porte et se retrouver face à face avec une personne inconnue, voilà autant d’actions qui demandent beaucoup de courage.

Lors d’un premier entretien, la priorité est d’entendre la personne, ses besoins, ses attentes. Certains bénéficiaires ont dès le départ beaucoup de choses à partager. D’autres ont besoin de me dire d’emblée «je suis venu mais je ne sais pas quoi dire». Je leur réponds que leur présence dit déjà quelque chose. On valorise toujours ce premier pas.


On écoute la personne et on met en quelques sortes les consommations de côté. Avant de s’occuper du lien qu’ils ont avec le produit et de la complexité de celui-ci, on cherche à comprendre comment se sent la personne.Il s’agit de réaliser une cartographie de leur situation: dans quelles circonstances ils ont décidé de prendre rendez-vous, est-ce que quelqu’un est au courant de leur démarche, est-ce qu’ils ressentent de la pression extérieure. Je les invite à formuler quelques besoins et à me partager ce qu’ils ont déjà essayé (discussion avec un médecin, consommation contrôlée, abstinence,…) A l’aide d’un support médiateur, une sorte de cadre sur lequel ils peuvent écrire des points pour éclaircir leur pensée, je leur demande quand ils ont eu l’impressions de perdre le contrôle de leur consommation.


Quelqu’un m’a dit : «je suis sûre que vous pourrez faire quelque chose pour moi», Je lui ai répondu « qu’est-ce qui vous rend si sûre. Pensez-vous qu’il n’y a qu’une manière?» Si l’attente est haute, la chute l’est souvent aussi, de même que la consommation qui peut en découler. Il est important de pouvoir prendre le temps de définir les attentes envers soi-même et envers l’accompagnant. On n’a pas de programme tout fait, c’est ensemble que l’on construit.


A la fin de l’entretien, je leur partage ce que je vois, je reformule et leur propose ensuite quelques options. Chacun est libre d’en rester là si les informations sont suffisantes ou d’entamer un suivi. Je les invite à y réfléchir et à me rappeler s’ils veulent poursuivre avec un deuxième entretien.
        
Propos reccueillis auprès de notre collaboratrice sociale Astrid Stegmann pour le journal Romand bleu.